Slowly drifting. Calme - Douce - Sensible - Consciente - Mystérieuse - Silencieuse - Angélique ;

Latin est une jument spéciale, qui se laisse vivre. Elle va où le vent l'emmène, et ça lui convient comme ça. Plutôt introvertie, la femelle ne fait jamais le premier pas lorsqu'il s'agit de rencontres. Elle n'aime pas vraiment parler, ou alors que brièvement, comme si elle économisait ses mots, pour n'aller que droit au but quand elle ouvrait la bouche. Franche et objective, certains pourraient la considérer de froide, et ils auraient surement un peu raison. Mais quand on la connait d'avantage, on apprend qu'elle peut -être très douce, et surtout hypersensible.

Shiver est une petite perle, qui s'est trop de fois brisée, et dont les morceaux ont été recollés si souvent que les fissures n'ont pas eut le temps de se réparer totalement. A chacun son fardeau. Malgré cela, dans ses yeux, scintille l'envie de vivre et d'être heureuse, comme une pluie d'étoiles tombées du ciel. Saurez-vous le voir ? Saurez-vous dépasser la carapace qu'elle s'est créée ? Apprendrez-vous à la connaître vraiment... ? 

Wave after wave.

Avez-vous déjà ressenti un sentiment tellement fort que vous avez l'impression qu'il vous arrache le coeur, il vous transperce le poitrail jusqu'à vous faire tellement mal que votre esprit vous lâche, et que tous vos faits & gestes ne soient plus calculés, mais exécutés machinalement, tous les jours, pratiquement à la même heure. Vous vous sentez vide, vous vous sentez seul. Et vous n'avez plus la force de rien.

Je ne vous parlerai pas de ma naissance, pas de mes parents, ni même de ma vie avant l'âge adulte, car il n'y a rien à raconter, mis à part une banale histoire sans intérêt. En revanche, je vais vous raconter l'évènement le plus marquant de ma jeune existence.

C'était un matin comme les autres, où, amoureuse, je m'enfonçais dans les bois, suivant l'être qui faisait battre mon coeur. Il était plus vieux que moi, je devais avoir 4 ans, et lui le double. C'était le bras droit du dominant de mon troupeau. Mais ça n'avait aucune importance, car nous nous aimions au delà de tout. Au delà des mots. Plus nous marchions, et plus il faisait sombre. Les racines des arbres qui nous entouraient dépassaient du sol, et nous faisaient parfois trébucher. Les branches, fines et pointues, m'éraflaient les côtes, et le calme me glaçait les veines. Je n'entendais que le bruit de nos huit sabots qui martelaient le sol terreux.
Les heures passèrent, et sans le savoir, je suivais toujours celui qui me ferait quitter mon troupeau natal, sans mon consentement, en me laissant seule et sans repères, dans un labyrinthe végétal qui me semblait aussi grand qu'un pays.

Les rayons du soleil, qui avait atteint son zénith, ne passaient même pas à travers les nombreuses feuilles des arbres qui montaient au dessus de nos têtes, comme des grattes ciel. Il faisait noir. Et j'avais peur. La silhouette pourtant musclée de celui qui faisait battre mon coeur disparaissait de plus en plus, alors que moi, fatiguée, je ralentissais ma marche sans pouvoir tenir la distance qui nous séparait encore.

Il finit par s'envoler, hors de ma vue, dans la pénombre du bois. Je ne voulais pas abandonner, je sentais mes larmes me monter aux yeux, mon coeur qui se serrait dans ma poitrine. Ca faisait mal. Je me suis arrêtée, et j'ai écouté. Je n'ai rien entendu, ni ses pas, ni sa respiration. Je n'ai rien senti, ni son odeur suave, ni l'odeur des autres chevaux de mon troupeau. Il m'avait emmenée avec lui dans cette forêt, pour me perdre, et que je ne puisse jamais revenir. Salop.

Je suis restée un an, dans cette forêt, seule, j'ai appris à vivre en communion avec la nature, mais au bout d'une année, le temps vous paraît de plus en plus long. Et vous n'avez personne pour vous aider. J'ai réussi, à sortir, non sans mal, du labyrinthe dans lequel j'avais voulu me terrer de honte d'avoir été aussi stupide et amoureuse. Et j'ai marché, une autre année. Avant de pouvoir arriver dans des montagnes aussi silencieuses que j'ai appris à l'être. Les habitants de ces pics rocheux, seraient ma nouvelle famille.